En Mauritanie, un projet agricole d’envergure a vu le jour en 2018 pour lutter contre l’insécurité alimentaire et favoriser l’autonomisation des femmes rurales.
Il consiste à pomper l’eau du fleuve Sénégal pour irriguer des terrains maraîchers exploités par des coopératives féminines dans les régions du Guidimakha et du Gorgol.
Ce système d’irrigation permet aux femmes de cultiver leurs propres fruits et légumes, d’améliorer leur alimentation et de développer une source de revenu durable.
Après une première expérimentation réussie en 2019, une seconde version du projet a été testée en 2022/2023 sur 3 villages pilotes.
Face à ses résultats positifs, le dispositif a été progressivement étendu, et concerne aujourd’hui 47 villages bénéficiaires.

Un projet en constante amélioration
La première phase du projet Salsabil a révélé plusieurs freins majeurs : l’irrigation manuelle était très contraignante, les motopompes fonctionnant au carburant devenaient trop coûteuses, les parcelles étaient surchargées et le suivi des productions quasi inexistant.
Pour répondre à ces défis, des changements importants ont été opérés.
Les équipements ont été modernisés avec l’installation de pompes solaires alimentées par des panneaux solaires, permettant de réduire considérablement les coûts liés au carburant tout en adoptant une solution durable.
La majorité des coopératives a aussi bénéficié d’une extension des parcelles, offrant ainsi plus d’espace à chaque femme pour cultiver.
Enfin, un dispositif de suivi quantitatif et qualitatif a été mis en place pour mesurer précisément l’impact du projet, tant au niveau agricole qu’économique.
Ces évolutions ont permis d’améliorer nettement la production agricole, en renforçant à la fois l’autonomie des femmes et la rentabilité des coopératives.
Des formations en bio-agronomie pour accompagner les coopératives
Dans chaque village, les femmes se regroupent en coopératives afin de mutualiser les ressources et mieux valoriser leurs terres.
Des formations en bio-agronomie leur sont proposées pour leur transmettre des pratiques agricoles durables, efficaces et respectueuses de l’environnement.
Une fois formées, ces femmes deviennent elles-mêmes relais de savoir : elles forment à leur tour d’autres membres de la communauté, créant une dynamique locale d’autonomie et de transmission.
Chaque femme dispose d’au moins une parcelle individuelle, tandis que la coopérative gère des parcelles collectives, souvent destinées à la vente.
Ce modèle de production paysanne repose sur une organisation solidaire et locale, adaptée aux réalités du terrain.
Les méthodes utilisées excluent totalement l’usage de pesticides chimiques, afin de préserver la santé des femmes, la qualité des sols et l’équilibre de l’écosystème local.
Ces parcelles permettent de générer des revenus tout en créant des opportunités d’emploi local.
Une présidente, élue par les membres, représente la coopérative, et les terres sont mises à disposition par le village ou la commune.
Des résultats concrets sur le terrain
Les coopératives agricoles soutenues dans le cadre de ce projet produisent aujourd’hui des résultats tangibles et mesurables.
L’un des impacts majeurs observés est l’amélioration de l’autonomie alimentaire des femmes et de leurs familles, qui ont désormais un accès régulier à des légumes frais.
Ces cultures, réparties sur plusieurs hectares, sont cultivées selon les principes de l’agriculture durable, sans intrants chimiques, à partir de semences sélectionnées avec soin
Cela leur permet de manger plus sainement, avec des produits issus directement de leurs propres terres.
Cette dynamique agricole a également renforcé la cohésion sociale et la solidarité au sein des villages.
Une partie des récoltes est consommée sur place, tandis qu’une autre est destinée à la vente afin de dégager un bénéfice et de soutenir l’activité des coopératives.
En moyenne, environ 50 kg de légumes sont récoltés chaque semaine, soit 200 kg par mois, ce qui représente environ 2 600 kg par an.
Ces chiffres témoignent d’une véritable montée en puissance de l’agriculture locale et de son impact positif sur les communautés.